vendredi 22 octobre 2010

Le Label de Responsabilité Sociale & l'offshore

On ne pourra pas reprocher à Emmanuel Mignot de pratiquer la langue de bois. Une nouvelle fois, il nous livre son sentiment quant aux "discussions" en cours au niveau de l'Etat pour les mesures, à l'origine, anti-délocalisations. J'attends avec impatience le CR de Téléperformance sur le sujet mais personnellement je trouve aujourd'hui sur la base des informations délivrées par Emmanuel que l'Etat fait fausse route.

Pourquoi?
Le LRS est un label intéressant (je diverge d'Emmanuel sur ce point) car il fige des pratiques et des règles de fonctionnement "minimum" (à mon sens ;) pour la vie sociale dans un Centre d'Appels. Maintenant les remarques sur l'audit d'attribution, ... C'est vrai c'est perfectible.

Néanmoins, ce label ne peut pas constituer le point clé de la stratégie de l'état quant à des mesures de sauvegarde de l'emploi en France. Pour moi, l'objectif initial des assises a été détourné. Les détenteurs du LRS sont présents à l'offshore (certains plus - beaucoup plus, que d'autres) alors c'est vraiment une mesurette ce type de décision.

Quant à donner des marchés publics uniquement aux prestas qui ont le LRS, c'est bien mais quelque part c'est déjà plus ou moins le cas ;)
Enfin, on sait très bien que les marchés publics ne sont pas produits à l'offshore. Non pas parce que Laurent Wauquiez l'a décidé mais tout simplement parce que l'administration y est réticente et qu'il s'agit quand même de gestion de morceaux de "service public".

Et vous qu'en pensez-vous?

2 commentaires:

Emmanuel MIGNOT a dit…

Fabien,
Un commentaire plein d’euphémisme, si je peux me permettre. Des conditions d’attribution perfectibles pour le Label de Responsabilité Sociale, c’est le moins qu’on puisse dire !
Téléperformance qui peut se vanter sans être démenti, d’avoir obtenu le Certificat de Responsabilité Sociale, qui a été crée pour lui, et le présenter comme un super label, alors que ce n’est qu’un rattrapage temporaire pour ceux qui se le sont vus retirer, c’est fort de café. Qu’il lui soit attribué alors même qu’il est engagé dans un plan de licenciements sans précédent dans la profession, c’est joli aussi.
Que les règles d’attribution qui prévoyaient en particulier qu’il fallait avoir créé au moins 60% de ses emplois en France aient été modifiées pour permettre à Webhelp d’obtenir le label, c’est coquin.
Que l’un des promoteurs de ce label, ardent pourfendeur des délocalisations, soit devenu le Directeur Général d’un des prestataires qui crée le plus d’emplois au Maghreb, c’est le comble du cynisme.
Bon, on s’emballe pas, mais il faut remettre ces mesures et assises au rayon qu’elles méritent : celui des farces et attrapes.
Surtout, ce label, il est auto-attribué, quoi qu'en disent ses heureux récipiendaires. A partir de là, il ne peut avoir aucune valeur, et d'ailleurs, il n'en a aucune.

Fabien Fouissard a dit…

Emmanuel,

je pense qu'au delà des critiques au Label (dont l'inventaire par tes soins est extrêmement complet :), se pose pour moi la question du positionnement de l'Etat vis-à-vis des délocalisations & de sa volonté de mettre en avant le Label comme réponse adaptée.

Il est clair quand on voit les commentaires sur la toile et des professionnels que cette approche n'est pas adaptée. Non pas tant parce que le Label lui même avec ses failles etc mais surtout parce que ce n'est pas une réponse à la problématique qui était à l'origine des assises.

Personnellement, c'est le principal reproche que j'adresse au Secrétaire d'Etat. Le Label n'est pas le garde-fou annoncé et pour moi, le principe de "est ce que le prestataire a ou pas le Label" est déjà en application.

Finalement la question qui reste est pour moi de savoir si on veut ou pas garder ces emplois en France ou pas.

Personnellement, je pense que tout est offshorisable. C'est une question de temps & de moyens (forcément moins importants qu'en France ou en tout cas pour un coût moindre), mais nous ne sommes pas plus intelligents ici que de l'autre côté de la méditerranée ou bien par delà les mers (je pense d'ailleurs que c'est vrai dans l'ingénierie, dans l'industrie etc).

Dans une logique de coûts seuls, travailler en France avec un prestataire est une hérésie alors que faire entre protectionnisme dépassé & absence de politique "industrielle" sur les emplois en France?

Je n'ai pas la réponse et j'aurai aimé que les assises posent le problème dans ces termes ne serait ce que pour commencer à identifier des pistes pour demain.